La pièce Canines de Lait prend le regard de l’enfant pour fenêtre sur un couple parental en crise. C’est Zora, petite fille convaincue d’être un vampire qui nous ouvre les portes de son salon et qui remet en scène à l’aide de ses poupées démembrées l’histoire de sa naissance à aujourd’hui, comment elle est devenue ce monstre aux canines proéminentes au fil des crises puis de la rupture parentale, de la garde alternée aux petits chantages, jusqu’aux tentatives de réconciliation. 
Et à travers ce récit, ce sont les parents que l’on voit devenir des monstres, malgré eux, et transmettre leurs propres fêlures avec autant d’inconscience que de cruauté. Jusqu’à ce qu’un jour, aujourd’hui, Zora ne se satisfasse plus de ses poupées pour opérer ses démembrements. 
Charlotte Lagrange poursuit ses recherches sur les rapports de pouvoir qui régissent les relations humaines, en s’arrêtant ici sur la famille et la façon dont les rapports de domination s’inculquent dès l’enfance. Attachée à ancrer ses histoires dans une réalité aux allures familières et douée pour y faire entrer subtilement l’onirisme, elle s’amuse à placer l’intrigue dans une cuisine, le lieu de nombre de conflits larvés et cachés.

MENTIONS LÉGALES :
Production La Chair du Monde, Théâtre de la Manufacture CDN de Nancy-Lorraine, La Poudrerie - Sevran Scène conventionnée d’intérêt national Art en territoire Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National 
Avec l’aide du Dispositif d’insertion professionnelle de l’ENSATT 
Avec le soutien de la Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon - Centre national des écritures du spectacle, Familles Rurales et les habitants de Pulligny, la Ville de Pulligny, Foyer Rural de Pierreville, et la Ville de Pierreville. 
La compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture (direction régionale des affaires culturelles du Grand Est) et la Région Grand Est.
 
La compagnie La Chair du Monde est créée en 2011 par Charlotte Lagrange, autrice et metteuse en scène, à Strasbourg, dans sa région d’origine où elle a suivi une formation de dramaturge à l’école du TNS de 2007 à 2010.
 
Le nom de la compagnie annonce son projet : parler du monde depuis une chaire qui ne pourra qu’être incarnée dans une chair, un corps partie prenante, une vision toujours subjective. Comme le dit Merleau-Ponty, philosophe à l’origine de cette expression, nous ne pouvons voir le monde qu’en étant nous-mêmes visibles, nous ne pouvons le toucher qu’en étant nous-mêmes touchés. Aussi parler du monde et de la manière dont il est ressenti sont un seul et même mouvement.
 
L’univers de la Chair du Monde est un théâtre entre chien et loup qui joue sur les troubles de la perception, sur l’ambiguïté entre réalité et songes pour raconter le monde d’aujourd’hui non pas tel qu’il serait objectivement mais tel qu’il est ressenti profondément et sensiblement. Chaque spectacle s’attache à développer le politique par l’intime, montrant que le politique se joue au cœur de l’intime, que ce sont les petites histoires qui font l’Histoire.
 
Si Charlotte Lagrange initie l’écriture du texte en amont des répétitions, le texte fait l’objet d’une réécriture au fur et à mesure des lectures et d’improvisations des comédiens, et de la mise en scène proprement dite, où chaque élément, univers scénographique, lumière, son, et musique infère sur le texte autant que le texte les détermine.